Il existe trois types d’édition en France : l’édition à compte d’éditeur (la plus connue et la plus fréquente), l’auto-édition (qui se répand à vitesse grand V) et l’édition à compte d’auteur (souvent confondue à tort avec la première, pour le plus grand désarroi des jeunes auteurs). Pour bien voir de quoi il s’agit, débroussaillons un peu tout cela.

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L’édition à compte d’éditeur

Vous la connaissez. Un éditeur, petit ou grand, signe avec vous un contrat, dans lequel il s’engage à publier et promouvoir votre roman, et à vous verser des droits d’auteur sur les ventes réalisées.

Au moment de la signature, il vous verse un à-valoir (c’est-à-dire une certaine somme d’argent qui représente une avance sur les ventes à venir).

Avant la parution

Tout est à sa charge. Les fameuses corrections éditoriales, la correction orthographique et typographique du manuscrit, la composition, la maquette, la couverture, la diffusion… Il s’occupe absolument de tout. Vous serez bien sûr consulté à chaque étape, notamment pour les corrections (êtes-vous bien d’accord avec ce que l’on vous propose ?), le bon à tirer (l’ultime relecture du manuscrit, que vous validez avant son départ à l’impression), la couverture (vous plaît-elle ?), la 4e de couverture (« ça accroche, hein ? »)…

Il s’occupe de tout.

Parfois, vous ne serez pas d’accord avec lui (notamment sur une couverture qui ne vous plaît pas, ou une 4e de couverture qui, selon vous, ne reflète pas votre histoire). Il faudra alors discuter, faire valoir votre point de vue ou faire confiance. C’est un professionnel qui a tout intérêt à ce que votre livre marche au mieux, donc la confiance mutuelle et la communication sont indispensables.

Après la parution

Là encore, l’éditeur gère tout. Il vous envoie une ou deux fois par an une reddition des comptes : un document qui vous détaille combien de livres vous avez vendu depuis la dernière reddition, et donc la somme d’argent que vous allez toucher pour cette année (ou cette demi-année).

C’est lui qui s’occupe des libraires, des retours de livres qui vont malheureusement partir au pilon*, des négociations de droits avec l’étranger ou la télé/le cinéma si cela fait partie du contrat…

Il vous enverra en dédicace, en salon ou en librairie si vous le souhaitez (il ne faudra pas hésiter à lui demander si vous en voulez plus ou moins !). L’éditeur prendra à ses frais votre transport et l’hébergement si le salon ou la librairie ne le font pas. Il peut aussi organiser des évènements et des concours autour de votre roman si vous en formulez la demande.

Enfin, si vous avez des fans embarrassants ou des détracteurs, comptez sur lui pour faire écran et protéger votre vie privée.

*Au sujet du pilon

Les livres qui reviennent des librairies partent quasiment tous au pilon. Comme dans la restauration, où tout ce qui est parti en salle et qui revient en cuisine doit aller à la poubelle, tout livre déballé et posé sur une table, un présentoir ou une vitrine de libraire, et qui n’est pas vendu, part au pilon. En effet, il est très compliqué de vérifier, pour chaque livre qui revient, qu’il est intact (pas corné, pas taché, pas de page arrachée, …). Il ne peut plus être considéré comme neuf. Donc pilon. Ne sont épargnés que les livres qui reviennent encore emballés dans leur emballage d’origine.

L’auto-édition

L’auto-édition est une forme d’édition qui prend son essor de façon remarquable ces dernières années. Le net, l’impression à la demande et les améliorations techniques encouragent les auteurs à se lancer. Dans ce cas, l’auteur gère tout de A à Z.

Avant la parution

Il revient à l’auteur la charge de corriger son manuscrit de façon professionnelle, de le mettre en page, d’obtenir un numéro ISBN, d’inscrire votre roman à la BNF, de faire (ou faire faire par un professionnel) la couverture, d’écrire la 4e de couverture…

Ne nous y trompons pas, c’est un travail de titan qui requiert de véritables compétences professionnelles. Si vous avez envie d’emprunter cette voie, FORMEZ-VOUS.

Bien des jeunes écrivains se lancent en considérant que leur manuscrit n’a pas besoin d’être relu par quelqu’un d’autre qu’eux, que ce n’est pas grave si la couverture fait un peu amateur parce qu’ils ont fait de leur mieux avec Paint et que ça suffira bien… C’est ce type de comportement, d’amateurisme, qui fait qu’aujourd’hui encore, les auteurs auto-édités suscitent la méfiance, voire dans certains cas extrêmes, le mépris. Quand un lecteur ou un chroniqueur tombe plusieurs fois de suite sur des romans à peine relus, truffés de fautes, avec des incohérences majeures toutes les 2 pages, il y a peu de chance qu’il accorde à nouveau sa chance à un auteur auto-édité. Et c’est bien dommage, car certains font un travail absolument remarquable, qui mérite d’être connu et reconnu.

Après la parution

Là encore, tout est sous votre responsabilité. Si vous voulez que votre roman soit sur les tables des libraires, vous devez aller les démarcher un par un. C’est un travail de longue haleine.

Il vous revient également de démarcher les salons (qui acceptent de plus en plus la présence d’auteurs auto-édités, en général à condition que ceux-ci paient leur stand, leur trajet et leur hébergement). Vous allez aussi contacter les librairies pour les séances de dédicaces. Si certaines sont encore assez méfiantes vis-à-vis de l’auto-édition, d’autres vous accueillent désormais à bras ouverts, surtout si vous vous présentez en professionnel. Il faut tester !

Si vous avez envie de participer à des prix littéraires, il faudra prendre l’initiative de proposer vous-même vos romans.

Cet énorme surplus de travail a bien sûr une contrepartie : au lieu des 8/10% touchés si vous êtes en maison d’édition, vous touchez ici la totalité du prix de vente, auquel il faut retrancher le prix de fabrication du livre. Vous touchez donc environ 70% du prix du livre.

Et vous êtes sûr à 100% d’avoir une couverture qui vous plaît, avec une 4e de couverture à votre idée, puisque c’est vous qui les avez composées. Personne avec qui faire des compromis, tout est à votre image.

Vous touchez votre argent à chaque vente, sans attendre de reddition des comptes. Et pour vous, pas de pilon.

Les stocks sont conservés chez vous. Contrairement à ce qui se passait il y a quelques années, vous n’êtes plus obligé d’avoir un stock très important chez vous. Avec les progrès de l’impression à la demande, vous pouvez en avoir quelques-uns d’avance pour les salons et les ventes directes, et en faire réimprimer dès que nécessaire, à des coûts assez bas et sous des délais très raisonnables.

À savoir

Ces dernières années, des prestataires d’auto-édition sont apparus partout sur le net. Il s’agit de Bookelis, Atramenta, Librinova

En contrepartie d’une somme d’argent très raisonnable (moins de 200€), ils vous soutiennent dans votre démarche d’auto-édition, peuvent vous obtenir un numéro ISBN et se charger de la distribution, numérique et même physique, en inscrivant votre roman dans les bases de référencement des libraires (les romans ne sont pas présents physiquement en librairie, mais le libraire peut les commander si un client le lui demande). Ils vous proposent parfois aussi leurs propres graphistes pour les couvertures, ou de la correction de manuscrit, en fonction de votre budget.

Cela reste un travail monstrueux, notamment après la parution, pour faire vivre votre roman et votre promotion, mais vous êtes soutenu.

Ces prestataires d’auto-édition ne doivent pas être confondus avec les éditeurs à compte d’auteur, auxquels nous arrivons maintenant.

L’édition à compte d’auteur

Il s’agit cette fois de signer un contrat avec une maison d’édition qui va vous demander de l’argent au lieu de vous en donner, afin de payer avec vos sous la couverture, la maquette, la correction… Bref, tout ce qui est à la charge des éditeurs traditionnels. Et ce sont des budgets conséquents (comptez environ 3.000€).

Avant la parution

Voici le processus classique :

L’éditeur commence par vous couvrir de compliments. Votre roman est tellement magnifique, merveilleux, génial ! Comment les autres éditeurs ont-ils pu ne pas vous remarquer ? Tant pis pour eux et tant mieux pour lui ! Mais comme il n’a que peu de moyens, il vous demande de participer aux frais (et de les couvrir en totalité et même plus, en réalité). Après tout, il va vous éditer donc c’est un minimum, non ?

Il va donc vous demander de l’argent (beaucoup d’argent) pour vous proposer une maquette de votre roman. Puis il vous enverra les 500 ou 1.000 exemplaires de votre ouvrage prévus par le contrat. Il ne les stockera pas lui-même.

Après la parution

Dans le meilleur des cas, vous trouverez votre roman dans quelques librairies, si l’éditeur a un réseau de distribution. Sinon, à partir de là, vous n’entendrez plus jamais parler de lui. C’est normal, il est en train de faire les yeux doux à d’autres jeunes auteurs pour qu’ils paient eux aussi les 3.000€, il ne peut pas tout faire. Vous avez déjà payé, vous n’allez plus lui rapporter d’argent, donc il n’a plus d’intérêt à s’occuper de vous.

Il y a une dizaine d’années, j’ai eu l’un de ces éditeurs au téléphone. Je voulais lui poser des questions sur une suite éventuelle au contrat qu’il m’avait envoyé. Après m’avoir couverte de compliments, il a fini par lâcher : « non mais il ne faut pas croire que votre roman va se vendre, hein ? Vous n’êtes pas JK Rowling !« . Curieusement, je n’ai jamais signé… (Pas très malin, ce monsieur) (j’avais dû l’agacer avec mes questions…)

Je vous invite à chercher sur le web. Il regorge de témoignages sur des auteurs dégoûtés par ces pratiques de vendeurs de rêve.

Les maisons d’édition à compte d’auteur ne durent jamais très longtemps car elles sont attaquées en justice pour arnaque, disparaissent, et rouvrent ailleurs sous un nouveau nom.

Comment faire la différence entre un éditeur traditionnel (à compte d’éditeur) et un éditeur à compte d’auteur ?

C’est extrêmement simple.

Un éditeur à compte d’éditeur VOUS PAIE à la signature du contrat (c’est l’à-valoir).

Un éditeur à compte d’auteur VOUS DEMANDE DE LE PAYER à la signature du contrat.

Dans quel cas l’édition à compte d’auteur est-elle intéressante ?

Si vous avez très envie que votre livre existe, mais que vous ne voulez pas spécialement le vendre, que vous êtes fort riche, et que vous ne voulez pas entendre parler de le fabriquer vous-même (correction, couverture…), alors cela peut être une option.

Néanmoins, je vous conseille chaudement de vous tourner plutôt vers un prestataire d’auto-édition. Vous paierez beaucoup moins cher, pour un résultat tout aussi (voire plus) satisfaisant.

Conclusion

Comme toujours, il n’y a pas de « meilleure solution », il y a VOUS et VOTRE PROJET. Tous les types d’édition ont leurs avantages et leurs inconvénients. Ce qu’il faut, c’est choisir en connaissance de cause, pour ne pas subir ensuite des conséquences qu’on n’avait pas prévues (en édition traditionnelle, on ne choisit pas tout et la durée entre la signature du contrat et la parution est très longue. L’auto-édition est un travail de titan qui ne paie que si on s’y investit à 110%. L’édition à compte d’auteur est globalement une arnaque).

Mes romans sont tous sortis en édition traditionnelle (à compte d’éditeur). De cette façon, je ne garde que les parties que je préfère : l’écriture et le lien avec les lecteurs. Mes éditeurs gèrent toute la logistique, la promo, les concours, les ventes, les comptes, les relations avec les salons et la presse…

Et mes nouvelles (sous le pseudonyme Blanche Saint-Roch) sont republiées en auto-édition après avoir connu une première vie en édition traditionnelle, dans des toutes petites maisons aujourd’hui disparues. Toutes les combinaisons sont possibles.

Pesez le pour et le contre avant de vous lancer, l’enjeu en vaut la chandelle !

C’est à vous de jouer !

Prêt ?

Et pour aller plus loin…

Pour retrouver tous les conseils, replays de lives et masterclass, rendez-vous sur le site des masterclass !

Les Masterclass de Roxane Dambre, les différents type d'édition

4 réponses pour “Les trois différents types d’édition”

  • Bonjour Roxane je me permet de vous contacter car j’ai été contacté par une maison d’édition a compte d’éditeur qui souhaite me publier mais qui me demande un versement pour la maquette.
    Je ne sais pas quoi faire car c’est une grande maison d’édition et j’avais pour principe de ne jamais le faire
    Mais je crains de passer a coté d’une opportunité.
    Merci pour votre soutien aux jeunes auteurs votre aide et grandement utile ^^.

    • Bonjour Lyly,

      Une vraie maison d’édition (qui croit en ton roman et a l’intention de te défendre) n’a pas besoin de ton argent pour faire une maquette (une simple maquette – sans corrections pro et sans couverture – faite par un graphiste pro, ça coûte à peine une centaine d’euros).
      Si la maison n’a pas l’intention d’investir un centime pour toi, cela signifie qu’elle n’a pas l’intention de vendre ton roman au grand public (elle est déjà rentrée dans ses frais puisque tu auras payé le maquettage). Elle espère simplement que toi, tu feras quelques ventes auprès de tes proches.

      Je ne connais aucune grande maison d’édition qui a ce genre de pratique, donc soit la maison qui te propose cela n’est pas si importante, soit c’est une arnaque qui vole le nom de cette maison (si c’est ce deuxième cas, fuis !!!).

      Après, cela dépend aussi de ce que tu souhaites. Si tu as juste envie d’avoir ton roman entre les mains et le vendre à tes proches, tu peux choisir de mettre un peu de sous dans ce que la maison demande (cependant, dans ce cas, je te recommande plutôt l’auto-édition, car tu as bien plus de liberté sur le choix de la couverture, le choix des plateformes de vente…).
      Mais si tu as envie que ton roman rencontre le grand public, cet éditeur indélicat n’est pas le bon cheval (dans la mesure où il est rentré dans ses frais, il n’a aucune raison de se démener pour faire connaître ton roman).

      Une petite précision sur les termes exacts, si un éditeur demande une participation financière quelle qu’elle soit, il aura beau prétendre faire du compte d’éditeur, c’est bien du compte d’auteur. 😉

      A toi de jouer ! 😀
      Roxane

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